La zone d’intérêt
de Jonathan Glazer
Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.
Le cœur de la Zone d'intérêt est un mépris profond pour les rouages petit bourgeois de l'Holocauste. La vie des Höss n'est pas monstrueusement banale, elle est profondément médiocre. SS-Obersturmbannführer Rudolf Höss en petit patron de succursale, qui étudie de nouveaux fours et leur rendement en unités/minutes, qui donne tant à une hiérarchie distante et froide qu'il se retrouve muté dans un autre pays. Hedwig Höss en mère pavillonnaire névrosée, enfermée dans une maison stérile, entourée de servantes polonaises qu'elle aimerait voir exterminées, s'enorgueillissant d'un jardin construit et entretenu par les Sonderkommandos. Élevant entre quatre murs de parfaits petits psychopathes national-socialistes, qui, malgré le faire-semblant des murs, commentent allégrement les exécutions sommaires et jouent à la chambre à gaz l'un sur l'autre.
"On ne peut pas partir, on a tout ce que l'on peut désirer ici !" bouillonne-t-elle. Un jardin muré, une rivière qui charrie des restes humains, une maison qui ressemble à une prison. Le film n'a pour bande originale que des cris et des coups de feu distants, les cheminées fumantes et les toits des baraques attenantes dominent la plupart des plans. Le génocide et le colonialisme intra-européen, bases du projet Nazi, sont impossibles à ignorer. Toute la haine et le meurtre du Reich de mille ans pour satisfaire les désirs de propriété des pires médiocres.
Un film dense, furieux et qui retourne, et donne envie de se replonger dans La loi du sang : Penser et agir en nazi de Johann Chapoutot.
Axel